Lettres adressées aux candidats des municipales à Marseille par Jean-Benoît Vion

Le journaliste Jean-Benoît Vion a décidé d’écrire à tous les candidats aux municipales de Marseille. A tout seigneur, tout honneur, il a ouvert cette rubrique épistolaire par une missive adressée au sénateur-maire UMP, Jean-Claude Gaudin puis, au député-maire socialiste du 1er secteur Patrick Mennucci et à Stéphane Ravier , tête de liste du Front National. Ce lundi, sa prose sera pour Jean-Marc Coppola, tête de liste du Front de gauche
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Cher Monsieur Jean Marc Coppola,

Puis je me permettre de vous envoyer cette courte missive en ce début d’année. Une année particulièrement délicate pour vous et vos amis du Front de Gauche.

Figurez-vous que cette lettre me touche beaucoup car je vote dans le 8e secteur, celui-là même où vous vous présentez, « le secteur des pauvres, des communistes et des cités ». Ce sont des propos entendus dans les quartiers où sont élus messieurs Mennucci, Tian et bien d’autres qui tournent la tête lorsqu’ils sortent du Cercle des nageurs dès qu’ils apprennent que vous habitez dans le 15e arrondissement. C’est mon cas et j’en suis fier.

Seulement voilà, vous avez de gros problèmes de succession, celle d’un homme qui, j’en suis certain vous admirez… Guy Hermier. Un visionnaire, qui a écrit : « Il est évident que le projet communiste du siècle est irrémédiablement voué à l’échec ». Il s’exprimait ainsi en 1993. Comme de nombreux communistes, il a traversé la crise du parti avec élégance et intégrité. Le «dandy rouge», comme on l’appelait dans le quartier était un homme aimé de tous. Souvenez-vous de l’éloge funèbre du maire, Jean-Claude Gaudin, lors de ses obsèques.

Vous avez aimé ses idées de rénovations du Parti Communiste. Désormais, vous êtes le porte-drapeau du Front de Gauche, à Marseille, une bien lourde tâche. Vous avez sur le plan national deux poids lourds, Pierre Laurent et Jean Luc Mélenchon. Ils étaient d’ailleurs, tous les deux, à Marseille dans votre manifestation de samedi. Sous une pluie torrentielle, vous avez réussi à rassembler des milliers de militants avec vos deux leaders.

Pierre Laurent, le patron du PCF, sans vouloir vous offenser, n’a pas énormément de charisme. Dans l’émission, ce samedi, des « bobos parisiens, on n’est pas couché » de monsieur Ruquier, il a pourtant eu une formule plaisante : « Moi, je n’ai jamais été socialiste et je n’ai pas le même parcours que certains ». Franchement, avec ces deux « chefs », cher monsieur Coppola, vous êtes mal servi ! Le premier n’a aucune chance de donner l’envie de voter communiste. Le second est une « grande gueule » qui a réuni beaucoup de monde dans ses réunions publiques mais très peu dans les urnes lors des présidentielles.

Entre ces deux chefs, je ne sais pas où vous vous situez et vos futurs électeurs de mon quartier non plus. Vous êtes souriant, convivial et c’est un réel plaisir de vous entendre parler de l’avenir de notre ville. Vous n’aimez pas les grands discours théoriques, ni les petites phrases assassines. Vous êtes toujours attaché au militantisme syndical de votre jeunesse. Vous n’avez jamais été aussi à l’aise, dans votre élément, que lorsque vous avez mené les combats des cheminots durant plus de 15 années à la tête de la CGT. Un cheminot en retraite, Jean Pierre, m’expliquait, il y a 3 jours à Saint- Antoine (15e ): « Coppola, il a toujours le sourire mais les patrons avait peur de lui. Car, ce minot, il peut vous tuer avec un argument qui désarme les plus pointus des technocrates de la SNCF. Dès qu’un conflit social éclatait pour les cheminots, il était toujours en première ligne avec des arguments chocs car il pensait aux cheminots mais aussi aux usagers qui sont dans la difficulté comme nous… Et, il a même fait plier Juppé qui voulait le démantèlement de l’Entreprise publique. »

Et aujourd’hui, vous partez au combat pour les municipales, vous serez face à la nouvelle Madone de Marseille, celle qui a fait trembler Mennucci, le Président Hollande, et son Premier Ministre, une femme de caractère et de talents, Samia Ghali… Elle vous apprécie et je pense savoir que c’est réciproque mais je redoute, pour vous, qu’elle vous devance en mars prochain, pour une simple raison, elle est omniprésente dans les quartiers. Un responsable de CIQ disait un samedi matin sur le marché de l’Estaque : « Coppola, il est super, chaleureux mais son problème, c’est sa timidité. Lorsque nous le croisons, il donne l’impression de nous déranger et c’est l’inverse, nous sommes de ceux qui l’emmerdons avec nos questions ».

Cher Monsieur Coppola, il est vrai que vous êtes timide mais volontaire, vous n’avez jamais renié vos convictions de jeunes communistes et de syndicaliste CGT. C’est courageux, vous défendez sans cesse les valeurs de solidarité, de fraternité et de justice. C’est honorable mais cela ne suffit peut-être pas pour être entendu et écouté dans la deuxième ville de France, Marseille.
Respectueusement Vôtre…
Jean-Benoît VION

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